Dans son style scénique minimal, à la radicalité
caractéristique, et avec ses marionnettes
de grande taille, aux traits reconnaissables
entre tous, Neville Tranter plonge son public
dans le quotidien d’une maison de retraite
et de ses résidents. Sans détour, impitoyable
parfois, le maître-manipulateur à l’humour
noir ravageur se saisit d’un sujet de société
grave – celui de la vieillesse, de la dépendance
et de la mort – pour en faire une intense
traversée marionnettique.
Passant avec virtuosité d’un genre
burlesque, à un genre poétique, puis tragicomique,
Neville Tranter déploie sur scène
une galerie de personnages-marionnettes – légers et graves, tendres et drôles, touchants
pour certains et rebutants pour d’autres – qui
se font les passeurs de sa fable.
Il y a Lucie, une nouvelle résidente qui,
après avoir vécu toute sa vie auprès de son
frère, a du mal à accepter cette séparation ;
ou encore le directeur de l’établissement,
cynique et avide d’argent, qui fomente de
nouveaux projets de maximisation des profits
avec son comparse des pompes funèbres.
Et il y a surtout Mathilde, la doyenne de
l’établissement – du haut de ses cent-deux
ans - qui refuse de « partir », qui « tiendra
le coup », à bout de bras s’il le faut, tant que
son ancien amour perdu ne reviendra pas
tenir sa promesse…