Pour cette pièce courte, Chloé Moglia a choisi
de prendre, comme seul agrès de jeu,
un simple tableau noir, de ceux que l’on trouve
encore parfois dans les classes. L’espace
spectaculaire est ainsi réduit à son unité la
plus simple : celle de la surface verticale,
du pan que matérialise le tableau. Un tableau
comme un mur aux dimensions et à
l’envergure du corps de l’interprète qui prend
l’aspect d’une toile de fond sur laquelle
s’impriment un instant les ombres des gestes
et des mouvements de l’acrobate.
Ce sera également d’une certaine manière
l’écran de projection des imaginaires. La virtuose trapéziste livre en Rhizikon
un condensé de sa recherche artistique qui
repose sur l’observation des courbes
de densité et d’évanescence et l’interrogation
sur le poids et la légèreté dans un processus
de dilatation et d’ampliation de l’espace-temps.
Elle place la notion de suspension au coeur
de sa réflexion comme paradoxe quintessentiel
de la force et de la fragilité et en fait la
condition sine qua non de l’ici et maintenant
et du caractère vivant de ses représentations.
"Rhizikon" en grec signifie le hasard
et par extension le risque. Le spectacle prend
la forme d’une conférence acrobatique
à la fois drôle et savante, confinant parfois
à l’absurde. « Le risque serait-il une folie
ou un bien nécessaire ? » s’interroge
l’acrobate défiant l’apesanteur à quelques
micromètres de la chute. Mêlant allégories,
virtuosité physique, habile montage sonore et
effets visuels, Rhizikon suscite sensations
et rêveries mais également réflexions sur la
mise en danger - la mise en danger de soi.